Tout commence par l’écoute !
Si vous voulez vraiment comprendre votre prochain, arrêtez de parler et commencez à écouter. À cela s’ajoute l’art de poser les bonnes questions au bon moment. La bonne question est engageante, puissante et se concentre sur les opportunités, les possibilités et les responsabilités. Qu’il s’agisse d’une réunion de démarrage, d’une réunion de résolution de problèmes ou d’une conférence réparatrice, la bonne question est celle qui déclenche la conversation qui compte à ce moment-là.
Avec les Questions Réparatrices nous sommes arrivés au niveau supérieur de la Pyramide de la Prévention (partie 1, chapitre 5). Cela signifie qu’ils sont spécifiquement destinés à faire face à des situations qui ont dégénéré en conflit ouvert. Avant d’expliquer les QR et comment ils peuvent être utilisés, nous partagerons un autre cadre intéressant qui explique pourquoi la gestion des conflits est si importante. C’est un modèle également développé par le criminologue Johan Deklerck : « le flux de la vie ».
Le flux de la vie :
Deklerck compare la vie au débit d’une rivière. Au sein de ce fleuve, il distingue trois niveaux de vie : le niveau matériel, le niveau émotionnel-psychologique et le niveau existentiel.
Des interruptions peuvent survenir à chacun de ces niveaux. Un incident ou un conflit provoque alors un arrêt (temporaire) du flux de la vie. Comparez-le à un barrage qui empêche l’eau de s’écouler. Plus l’incident est grave, plus l’arrêt du flux de vie est fondamental.
Presque quotidiennement, nous sommes confrontés à des interruptions, petites ou plus importantes, de nature matérielle. Par exemple : vous rentrez du supermarché avec plein de sacs dans votre voiture et vous remarquez que quelqu’un s’est garé illégalement devant votre garage. C’est brièvement gênant. Vous devez vous garer plus loin dans la rue, marcher plusieurs fois de long en large avec vos courses, et peut-être essayer de retrouver le conducteur ou mettre un petit mot sous le pare-brise de la voiture pour exprimer votre frustration. Ce n’est pas une expérience traumatisante et on oublie rapidement l’incident.
Certaines situations peuvent nous affecter sur ce que Deklerck appelle le niveau émotionnel-psychologique. Par exemple : Lorsque vous partez au travail le matin, vous remarquez que la vitre latérale de votre voiture est brisée. Quelqu’un est entré par effraction dans votre voiture et a volé une petite monnaie que vous aviez laissée là par inadvertance. Vous signalez l’incident à la police et à la compagnie d’assurance. Vous appelez votre mécanicien automobile pour faire réparer la vitre. Mais surtout, vous vous sentez malheureux. Vous n’auriez jamais pensé que cela arriverait dans votre quartier. Vous vous demandez qui est responsable de cet acte. Vous continuez à vous en inquiéter, même si vous n’obtiendrez jamais de réponses à vos questions. Il faut un certain temps avant de retrouver votre confiance et de vous remettre complètement de cet incident.
Les dommages peuvent également survenir à un niveau (éthique-)existentiel. Parfois, une personne est si profondément affectée par un incident qu’elle est à peine capable de reprendre son cours normal de vie. Le temps semble s’arrêter. Le flux est complètement bloqué. Par exemple : une femme de 70 ans sort le soir se promener avec son chien et se fait voler. Deux agresseurs l’approchent par derrière. Elle est poussée au sol et ils lui volent son sac à main. Les contrevenants n’ont jamais été arrêtés. L’incident continue de hanter la dame pendant des années.
Souvent, de tels événements marquants divisent de manière permanente le temps entre un « avant » et un « après ». Si nous ne parvenons pas à franchir la barrière, à éliminer le blocage de notre flux de vie, l’eau cherchera son propre chemin. Notre douleur reste souterraine, mais elle continuera à nous affecter dans notre fonctionnement quotidien. En se concentrant sur les dommages matériels, émotionnels, relationnels ou existentiels, les pratiques réparatrices aident à éliminer les obstacles, nous permettant ainsi de réintégrer pleinement le flux de notre vie.
Gérer les conflits de manière décisive grâce au recours à des pratiques réparatrices nous aidera à retrouver notre liberté. Les questions dites réparatrices constituent un excellent outil pour rendre cela possible. Ils constituent l’épine dorsale de toute conversation réactive et réparatrice. Qu’il s’agisse d’une conversation préparatoire (évaluation) avec l’une des parties, d’un dialogue réparateur (avec deux parties), d’un cercle réparateur avec plusieurs parties ou d’une conférence réparatrice formelle, ces questions aident toujours à structurer la conversation. Nous les passerons en revue une par une dans le document téléchargeable (version anglaise).