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OUTIL n°10 – Le dialogue réparateur et le cercle réparateur

Le concept d’un dialogue réparateur est privilégié lorsque deux personnes sont impliquées dans la problématique et sa résolution. C’est le cas du processus réparateur impliquant deux voisins en conflit.

On parle de Cercle Réparateur lorsque plus de deux parties sont impliquées. Par exemple, dans la situation ci-dessus, davantage de voisins ont été impliqués dans l’incident. Peut-être que le voisin d’à côté avait entendu la dispute dans le couloir et avait un instant envisagé d’appeler la police. L’animateur peut également choisir d’inviter l’amie de Mika au cercle, puisqu’elle a également été impliquée dans l’incident. Essentiellement, on peut dire qu’un dialogue réparateur est une forme de cercle réparateur. La marche à suivre sera donc assez similaire. Nous décrivons les étapes ci-dessous :

1. Une fois que vous (peut-être êtes-vous un travailleur social de quartier, un policier de quartier, un agent de logement social, un bénévole formé), en tant qu’animateur, avez pris conscience d’un conflit entre voisins, vous commencez par vos conversations préliminaires avec chacune des parties séparément. Nous appelons cela les évaluations.

Les questions réparatrices constituent le fil conducteur de cette conversation préparatoire. D’une part, l’accent est mis sur les faits et la manière dont ils ont été vécus, et d’autre part, il s’agit d’explorer ensemble les possibilités de restauration. Une évaluation encourage l’autoréflexion. Cela en soi peut être réparateur, mais cela sert avant tout à préparer la réunion. En cas d’ambiguïté ou s’il s’avère que certaines questions n’ont pas reçu de réponse suffisante, le modérateur peut décider de revoir l’évaluation.

L’ordre des évaluations n’est pas arbitraire, surtout lorsqu’il existe une distinction claire entre « auteur » et « victime ». Dans un premier temps, nous voulons voir si l’auteur est prêt à assumer suffisamment la responsabilité du préjudice. Ce n’est que lorsqu’il assume ses responsabilités qu’il y a de fortes chances qu’un cercle puisse s’organiser avec la victime. Nous devons éviter de placer la victime dans une situation où elle est confrontée à un délinquant qui la blesse ou la victimise à nouveau en niant ou en minimisant les faits.

Ce qui reste essentiel est la question de savoir si toutes les parties reconnaissent et/ou sont disposées à assumer leurs responsabilités. Tant que ce n’est pas le cas, les individus ne peuvent pas être réunis pour une véritable conversation réparatrice. Des préparatifs supplémentaires ou d’autres mesures doivent être prises. L’animateur est constamment à la recherche d’ouvertures. Ils ne laissent aucune opportunité inutilisée mais respectent toujours le caractère volontaire de toutes les parties. Cela ne peut être négligé. La restauration est une opportunité pour les personnes impliquées, mais aussi un libre choix. Forcer la participation ne conduit jamais à des solutions durables. Cela dit, un peu d’encouragement est parfois nécessaire. Au départ, peu d’individus diront immédiatement « oui » à une rencontre avec leur « auteur » ou leur « victime ». Un bon modérateur sait comment briser ces stratégies d’autoprotection.

2. Une fois la préparation terminée et le processus rendu transparent pour toutes les parties impliquées, la réunion réparatrice proprement dite peut avoir lieu. Pour l’animateur, ça ressemble toujours plus ou moins à ça :

– Introduction : le modérateur commence la conversation en souhaitant la bienvenue à tout le monde et en les remerciant de leur présence. Il continue en décrivant brièvement la raison de la réunion et ce qu’ils espèrent réaliser (rétablir les dégâts/la relation, conclure des accords sur la manière d’aller de l’avant, etc.). Il mentionne également qu’il a parlé à chacun individuellement et que chacun a montré sa volonté de contribuer de manière constructive à la restauration.

– Une fois le ton donné, plusieurs options sont possibles. Un dialogue réparateur sera différent d’une conversation de groupe réparatrice. La dynamique de groupe en jeu dans le groupe nécessite une discipline considérable pour garantir que toutes les parties ont une chance égale de s’exprimer. Nous utilisons les mêmes règles de base que pour le cercle proactif (voir outil n°3). L’art d’animer un cercle réparateur consiste essentiellement à poser la « bonne » question à la « bonne » personne au « bon » moment. Cela nécessite une réflexion préalable et une certaine sensibilité sur le moment.

– Qui devrait parler en premier ? Qui doit raconter les faits ? Ou serait-il préférable pour moi, en tant que modérateur neutre, de le faire moi-même ? Dois-je d’abord laisser la victime exprimer ses émotions ? Ou est-ce que je crois qu’un auteur reconnaissant explicitement son rôle aura un effet de connexion plus fort ? Ce sont autant de choix qui influenceront le déroulement de la conversation en cercle. En principe, les évaluations fournissent suffisamment d’informations pour que le modérateur puisse prendre cette décision. Quatre-vingts pour cent du travail est effectué pendant la phase de préparation. Sur le plan du contenu, l’animateur ne fait pas grand-chose, voire rien. Il guide le processus. Il veille à ce que chacun puisse partager équitablement son expérience de la situation. Il facilite les liens entre les gens, pour qu’à travers la conversation, ils se rapprochent. Pour cela, il peut utiliser différents outils : demander de répéter ce que l’autre vient de dire, regarder dans la direction de la personne à qui il souhaite que le participant s’adresse, demander aux gens d’établir un contact visuel pendant la conversation, réfléchir sur un lien/amitié/expérience positive antérieur, autoriser les silences, etc.

– Les questions réparatrices restent le point d’ancrage du modérateur. « Les faits, les sentiments, la responsabilité, l’engagement et les attentes » résonnent dans son esprit comme un mantra. Si nous parvenons à avoir un dialogue ouvert basé sur ces principes, la restauration suivra forcément.

– A l’issue de la réunion, selon la gravité et l’ampleur de la situation, on peut choisir d’élaborer un plan de restauration signé par toutes les parties concernées. Il est également vérifié si et comment les autres membres de la communauté seront informés (du résultat) du processus. Cela peut être important pour élargir le soutien aux accords conclus.

3. La dernière étape du processus est la phase de suivi. L’animateur s’enregistre auprès de toutes les parties impliquées pour évaluer si les choses se sont bien déroulées pour tout le monde et voir si tout le monde respecte les accords.

Un cas pratique et un script pour le facilitateur sont disponibles en téléchargement (version anglaise).

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